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Christophe BLAZQUEZ blog

Vous avez dit plein emploi ?

3 Septembre 2005 , Rédigé par Christophe BLAZQUEZ Publié dans #Emploi

Tribune, publié le 29/08/2005 Envoyer cet article à un ami

Plein emploi : l’exception culturelle française, par Pierre-Yves Poulain

Les 100 jours de Dominique de Villepin n’auront pas changé la face du monde…de l’emploi. C’eût été une utopie de le croire, à défaut de se le voir promettre. Cent jours, c’est trop peu pour inverser une tendance vicieuse qui plombe le moral des français depuis des années déjà, avec un taux de chômage qui serpente autour des 10% et dont on a presque fini par s’accommoder, comme d’une fatalité.

Mais cent jours, c’est assez pour réfléchir apparemment à des changements qui pourraient permettre d’essayer de nouvelles méthodes là où toutes celles expérimentées depuis des décennies ont avoué successivement leurs limites. Ces méthodes étaient-elles foncièrement inefficaces ou bien le contexte de leur application peu propice à des résultats positifs ?

En tout état de cause, la France et sa technocratie s’évertuent depuis toujours à résoudre ce problème sans jamais parvenir à infléchir significativement le mouvement. Comment se fait-il qu’autant d’énergie déployée, de créativité forcenée, de milliards engloutis, de lois proclamées, de points de croissance créés, d’impôts ventilés, etc. n’aient jamais permis à notre cher pays, parmi les huit plus riches de la planète, d’endiguer ce phénomène quasi historique, là où certains de nos voisins caracolent en tête des olympiades de la pleine embauche ?

Alors que faire ? Continuer d’espérer que tout dixième de point de croissance au-delà du seuil des 1,5 créera sa quote-part d’emplois ? Elle a bon dos, la croissance… Subventionner l’emploi par tous les moyens, en dilapidant la richesse nationale à ceux qui promettent d’embaucher et à ceux qui promettent de se mettre au travail ? On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, même en lui payant ses consommations… Partager le gâteau du temps de travail, en limitant ceux qui veulent en faire plus, et en distribuant les miettes à ceux pour qui l’inactivité est plus rentable ? L’addition promet d’être salée…Contrôler et restreindre la délocalisation des emplois, en inhibant la compétitivité de nos entreprises, pour faire place à une déferlante de produits étrangers meilleur marché ? Parlez-en aux industriels du textile…Ouvrir un guichet unique pour la création d’entreprises, en maintenant un système de taxation aberrant et inadapté qui précipite à la faillite et prive d’indemnités ses artisans ? Les rêves de l’entrepreneur se transforment vite en cauchemars du chômeur…

Toutes ces mesures ont un point commun : elles ont toutes été décidées par des gouvernements, dans le cadre d’une action curative. Si l’on tient compte de notre capacité nationale à s’agripper aux acquis sociaux, à se battre becs et ongles pour que rien ne change dans un sens ou dans un autre, on imagine mal pourquoi les ordonnances du présent locataire de Matignon réussiraient plus que les précédentes. Loin des considérations démagogiques et autres artifices de la politique, on a peut-être oublié que le marché de l’emploi était une place où se rencontrent une offre et une demande. Il ne s’agît pas d’y confronter des patrons aristocratisés et frileux qui se plaignent d’être surtaxés à des travailleurs syndiqués qui troqueraient leurs smicardises et droit de grève contre un CDI, véritable eldorado moderne du citoyen en quête de stabilité.

Nos médias, nos institutions, notre éducation par trop protectionniste, les anti-capitalistes, les "années de crise", notre vision du "plombier polonais", et que ne sais-je encore, ont diabolisé une valeur essentielle de notre société : le travail, synonyme de reconnaissances, contreparties d’un effort. Le modèle libéral anglo-saxon n’est sûrement pas la panacée, mais il possède cette fluidité qui nous manque cruellement, à nous autres "froggies". Une fluidité d’esprit, surtout, qui consisterait à accepter l’idée que l’immobilisme n’est pas une option. Les grenouilles de Monsieur La FONTAINE en savaient quelque chose, elles qui demandaient un Roi.

La révision du Droit du Travail et le Contrat de Nouvelle Embauche n’y changeront pas grand-chose, mais tout au moins va-t-on sûrement dans la bonne direction : assouplir les règles de fonctionnement de ce lieu de fluctuation naturelle, qui permettra espérons-le à ceux qui veulent embaucher aujourd’hui de pactiser plus simplement avec ceux qui sont partants pour travailler demain matin.

On aurait bien tort de vouloir les en priver : avec une population vieillissante et un taux d’activité en chute libre, notre exception culturelle tricolore finirait par s’appliquer à ce fléau qu’est l’inactivité. A ne pas confondre avec la retraite. Au fait, qui va payer la mienne ?


A propos de l'auteur : Pierre-Yves Poulain a débuté sa carrière en 1998 comme associé du cabinet Raymond Poulain Consultants, spécialisé dans le conseil en management et ressources humaines. En 2001, il a rejoint le groupe TMP Worldwide en tant que responsable du département Hiring Process Management pour la division Advertising & Communication. Depuis juillet 2004, il est le responsable du développement commercial de MrTed France, filiale de la société MrTed Limited. Il est également membre de l’ANDCP Junior et président de l'UNESSOR, l’Union Nationale des Editeurs Spécialisés en Systèmes d’Optimisation du Recrutement.

Pour lui écrire, py.poulain@mrted.com

 
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